N’utilisez pas notre drapeau LGBTI pour justifier votre sale guerre
Entre homophobie et pinkwashing les LGBTI sont pris·es à parti et sommé·es de défendre les bombardements de Gaza. Le collectif Les inverti·e·s publient un communiqué contre l'instrumentalisation de nos oppressions à des fins coloniales.
Après quatre semaines de bombardements, la situation en Palestine est effroyable. Nous avons atteint plus de 10 000 mort.e.s et 25 000 blessé.e.s à Gaza. Les bombardements ont détruit une grande partie des infrastructures. Sans électricité, les hôpitaux n’arrivent plus à s’occuper des blessés, quand ils ne sont pas eux-mêmes bombardés. Alors que l’État d'Israël veut faire croire à une opération contre le Hamas, la Cisjordanie a elle aussi été bombardée et des arrestations de résistants palestiniens continuent d’avoir lieu, comme c’est le cas depuis le début de la colonisation (à l’image d’Ahed Tamimi qui vient à nouveau d’être arrêtée lundi 6 novembre). Tous les jours, nous recevons des nouvelles de plus en plus terribles impliquant une violence inouïe à l’encontre des palestinien.ne.s : tortures, emprisonnements, bombardements d’ambulances, retraits de permis de travail des travailleurs provenant de Gaza. Cela évidemment s’ajoute à la violence déjà pre-existante : un État colonial d’apartheid spoliant et tuant les palestinien.ne.s depuis 75 ans. Cette situation montre avec clarté le nettoyage ethnique en cours en Palestine et toute la propagande de l’État d'Israël et de ses soutiens n’y changera rien.
Car si la situation en Palestine peut perdurer depuis autant d’années sans émouvoir la communauté internationale, c’est grâce à un armement imposant (avec l’aide des États-Unis), mais aussi à une propagande massive. Israël est présentée comme la seule démocratie de la région : un État féministe et pro-lgbt. Cette propagande se retrouve aujourd’hui plus que jamais quand on voit les vidéos sur les réseaux sociaux montrant principalement les femmes de l’armée de Tsahal ; quand dans les décombres de Gaza, notre drapeau, le drapeau arc-en-ciel, le drapeau LGBTI, souillé d’un « au nom de l’amour » est brandi par un militaire de l’armée israélienne ; et ce quelques jours après que l’État d’Israël ait produit et diffusé une vidéo homophobe tournant au ridicule les personnes LGBTI qui condamne le massacre en cours en Palestine. Quand le pinkwashing met en avant Tel Aviv comme destination gayfriendly et exploite a contrario l’image de l’homophobie violente supposée des Palestinien.ne.s. Cette propagande est relayée dans la majorité des pays occidentaux quand bien même ils « regrettent les bombardements sur Gaza ».
En tant que collectif transpedegouine marxiste, nous nous opposons à cette propagande et nous défendons la lutte des palestinien.ne.s.
Fondamentalement, un État colonial d’apartheid ne pourra jamais être une démocratie, car justement la démocratie repose sur l’égalité entre tou.te.s. Or Israël repose sur l’inégalité de ses populations et cette inégalité est inscrite dans sa loi fondamentale. Par ailleurs, nous rappelons que le mariage pour tou.te.s n’existe pas en Israël et que celui-ci utilise une politique d’outing à l’encontre des militant.e.s queers palestinien.ne.s. Nous nous opposons aussi au fait d 'invisibiliser les personnes LGBTI palestiniennes. Iels existent et veulent aussi la libération de la Palestine. Les bombes n’ont jamais libéré personne. Nous ne sommes pas dupes.
Si cette propagande est massive, on peut voir qu’elle n’arrive plus à prendre face au massacre. Les manifestations dans le monde entier montrent une solidarité internationale comme nous ne l'avions pas vue depuis longtemps.
C’est cette mobilisation qui modifie le rapport de forces, car si Israël a les mains libres, c’est bien parce que nos pays impérialistes laissent faire, voire soutiennent. La mobilisation incroyable en cours a déjà permis de mettre à mal la propagande d’Israël, nous devons la continuer et la renforcer pour permettre de mettre un coup d’arrêt non seulement à la politique meurtrière de l’État d’Israël, mais aussi pour aider les palestinien.ne.s à aller vers la libération de leur pays et de leur peuple.
C’est pourquoi, le cessez-le-feu ne peut pas être un mot d’ordre suffisant. Nous refusons que les Palestinien.ne.s se retrouvent dans la situation antérieure à cette politique de nettoyage ethnique. L’arrêt de la colonisation et la libération totale doivent devenir le mot d’ordre. Les Palestinien.ne.s doivent retrouver leur droit à l’auto-détermination.
Les images et la situation donnent parfois le sentiment d’être démuni, mais nous pouvons et nous devons agir, concrètement. C’est par la solidarité entre les peuples que nous construirons une autre société. Nous devons agir : en boycottant les entreprises israéliennes et celles, à l’image de Carrefour, qui financent par divers biais le massacre des Palestinien.ne.s, en faisant pression contre nos États et en agissant contre nos propres impérialismes, en refusant en tant que TPG qu’on utilise nos identités pour opprimer et massacrer des peuples. Enfin, nous appelons à se rendre aux différents rassemblements et manifestations contre la colonisation de la Palestine, à renforcer les liens internationaux entre organisations politiques et associatives. Nous appelons également à rejoindre ou à créer des comités Palestine partout où c’est possible.
Pour une Palestine libre, TPG de tous les pays, unissons-nous !