En grĂšve jusqu’à la rĂ©volution !

En grĂšve jusqu’à la rĂ©volution !

Alors mĂȘme que l'AssemblĂ©e nationale examine la rĂ©forme des retraites avec comme date butoir le 17 fĂ©vrier avant son entrĂ©e en premiĂšre lecture au SĂ©nat, l’intersyndicale appelle Ă  une nouvelle journĂ©e de mobilisation le jeudi 16 fĂ©vrier et Ă  un blocage du pays Ă  partir du 7 mars. Les LGBTI sont appelé·e·s Ă  s’organiser lors d’une AG le samedi 18 fĂ©vrier Ă  14h30 au campus Pierre et Marie Curie.

Par Les Inverti.e.s ·

Il faut gagner, on peut gagner

Les journĂ©es de mobilisation ont Ă©tĂ© de vĂ©ritables rĂ©ussites, ce qui nous a montrĂ© qu’il Ă©tait possible de gagner, surtout dans un contexte de crise politique et de niveau d’inflation trĂšs Ă©levĂ©. La grĂšve, qui fait perdre de l’argent aux patrons, est donc un Ă©lĂ©ment crucial du rapport de force, c'est notre meilleur outil. Le gouvernement de son cĂŽtĂ© sait qu’il joue contre-la-montre, alors il nous joue Ă  l’usure. Face Ă  cela, il faut pousser l'intersyndicale Ă  construire une position plus claire et un vĂ©ritable plan de bataille pour gagner. Car pour l'instant, elle se repose sur l’idĂ©e que la rĂ©forme est majoritairement refusĂ©e par les travailleuses et travailleurs. C’est insuffisant pour gagner et on pourrait croire qu’à force de dĂ©faites, les centrales syndicales pourraient quand mĂȘme se remettre un peu en question. 

Parce que la retraite est une question essentielle car c'est un moment oĂč on sort de l’exploitation et l’aliĂ©nation du travail, parce qu’elle esquisse une sociĂ©tĂ© solidaire. La retraite, elle est Ă  nous pas question de se la faire voler ! Mais surtout parce que gagner sur les retraites nous permettra de reprendre confiance en nos propres forces : on n’a toujours pas besoin de patrons, ni des flics. Construire la solidaritĂ©, c’est aussi refuser le climat raciste, rĂ©actionnaire qui fait monter le fascisme qui frappe Ă  la porte depuis un moment et bientĂŽt la dĂ©foncera. Alors, il faut gagner ! Le problĂšme c’est qu’on fait face Ă  des difficultĂ©s : peu d’AG sur les lieux de travail, aucun secteur ou presque en reconductible. Alors comme on fait ?

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Déjà, on se réapproprie la grÚve !

La grĂšve constitue un vĂ©ritable outil de prise de conscience collective et de transformation de la sociĂ©tĂ© dĂšs lors qu’elle se situe hors du travail et donc hors des activitĂ©s de production capitalistes et des dynamiques d’oppressions exercĂ©es par le patronat. 

Pour nous, les LGBTI, elle compose un moment de discussion qui permet aux un.es et aux autres de tĂ©moigner des diffĂ©rentes violences qu'engendrerait cette rĂ©forme, de rĂ©aliser l’étude d’impact sur notre communautĂ© que le gouvernement ne fera pas. 

L’exclusion du systĂšme d’aide social que constitue la famille ; nos carriĂšres hachĂ©es par le chĂŽmage, le travail non dĂ©clarĂ©, la difficultĂ© d’accĂšs aux soins (VIH-SIDA, parcours de transition
), le travail hors emploi pour venir en aide aux personnes issues de notre communautĂ© font de nous une population fortement prĂ©carisĂ©e par cette rĂ©forme.

Le mouvement social contre la rĂ©forme des retraites permet de nous poser comme faisant partie de la masse salariale, n’ayant pas le mĂȘme accĂšs au patronat ni aux mĂȘmes salaires, et de visibiliser les problĂ©matiques socio-Ă©conomiques liĂ©es Ă  la question LGBTI. En tĂ©moigne le pink bloc qui n’a fait que croĂźtre ces derniĂšres semaines, avec un nombre record le samedi 11 fĂ©vrier, preuve de la volontĂ© des personnes LGBTI de faire bloc contre cette rĂ©forme.

La grĂšve permet de reconstruire des solidaritĂ©s et nous donne aussi du temps pour penser une autre sociĂ©tĂ©, pour se rendre compte qu’on n’a pas besoin de patron, qu’on peut construire autre chose. 

Si les grévistes sont LGBTI, alors la grÚve est partout

RĂ©trospectivement, si l’on revient sur la mobilisation contre la loi Woerth (rĂ©forme des retraites Sarkozy) de 2010, on retient que malgrĂ© un mouvement de grĂšve reconductible, celui-ci s’était concentrĂ© sur les secteurs les plus syndiquĂ©s (raffineurs, cheminots, EDF) menant Ă  l’essoufflement du mouvement. 

Il est donc impĂ©ratif que face Ă  cette nouvelle menace d’augmentation de l’ñge de la retraite, la mobilisation se fasse dans tous les secteurs d’activitĂ©s et ne se limite pas Ă  une grĂšve par procuration. La force de la communautĂ© LGBTI rĂ©side dans le fait qu’elle s’immisce dans tous les secteurs et est donc en capacitĂ© de relayer l’appel Ă  la grĂšve ainsi que ses propres revendications.

Les actions doivent se multiplier en dehors des journĂ©es nationales de grĂšve afin de soutenir les grĂ©vistes et de mettre la rĂ©forme des retraites au cƓur du dĂ©bat public. En effet, l’accumulation des pertes de salaires risque de faire retomber l’élan de lutte. Ceci explique que la mobilisation dans les facs Ă©tait tant attendue. Le blocage des facs ne constituant pas une perte de revenu pour les Ă©tudiant.es, l’ampleur de leur soutien aux grĂ©vistes sera dĂ©terminant pour maintenir le mouvement mais Ă©galement pour bousculer l’opinion Ă  l’AssemblĂ©e. Durant la semaine passĂ©e, s’est mis en route le blocage de l’universitĂ© Rennes II, apportant l’impulsion nĂ©cessaire pour que la jeunesse rejoigne les grĂ©vistes par le blocage d’une dizaine de facs en France dont Paris 1 jeudi dernier.

L’un des freins Ă  une mobilisation de masse, reste les secteurs faiblement syndiquĂ©s (BTP, la restauration etc.). La crĂ©ation d’AssemblĂ©es est un outil puissant pour pallier ce manque mais est encore trop peu employĂ© pour permettre de bloquer toute l’activitĂ© Ă©conomique du pays.

La grĂšve, catalyseuse de nouvelles unions

L’histoire nous l'a montrĂ© auparavant avec des mouvements comme « LGSM – Lesbians and Gays Support the Miners » qui sous le rĂ©gime de Thatcher, avaient collectĂ© 22,500 livres (sans prendre en compte l’inflation), pour soutenir les mineurs et leurs familles lors de la grĂšve de 1984-5. Les mĂȘmes mineurs qui par la suite feront pression au parlement pour faire passer des lois en faveurs de l’égalitĂ© entre LGBTI et hĂ©tĂ©ro.

Cela montre bien que la grĂšve est un moment oĂč la discussion autour des droits sociaux s’étend au-delĂ  de nos cercles de militance habituels. La grĂšve est un lieu particuliĂšrement propice Ă  la convergence des luttes parce qu’elle permet de faire le rapprochement entre les diffĂ©rentes violences subies et les revendications qui en Ă©manent.

Dans un contexte oĂč l’homonationalisme essaye de se prĂ©senter en dogme, nous pouvons nous unir Ă  la lutte antiraciste et nous opposer Ă  l’islamophobie. C’est aussi l’occasion d’aller Ă  la rencontre de population de grĂ©vistes oĂč l’homophobie, la lesbophobie et la transphobie ordinaire se fondent dans le dĂ©cor sans pour autant qu’il y ait de vĂ©ritable arriĂšre-pensĂ©e haineuse afin de reconstruire un front commun. Car une fois cette rĂ©forme bloquĂ©e, il faudra construire un avenir ensemble qui soit plus reprĂ©sentatif de nos vĂ©cus collectifs.

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La grĂšve, une forme de lutte anticapitaliste

La grĂšve, c’est aussi se rendre compte qu’en bloquant l’activitĂ© productiviste de l’État, on peut faire valoir nos droits et formuler nos revendications. La grĂšve est en ça un outil profondĂ©ment anticapitaliste. Gagner contre cette rĂ©forme par la grĂšve massive et reconductible, c’est montrer aux patrons que leur privilĂšge peut ĂȘtre mis Ă  mal par un mouvement qui ne s’inscrit pas dans les rĂšgles de leur art et pour lequel un simple lobbying sera insuffisant. La grĂšve n’appartient qu’aux grĂ©vistes.

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Le Pink bloc se doit d’ĂȘtre prĂ©sent et massif dans les mobilisations Ă  venir. Dans cette perspective, tou·te·s les trans-pĂ©dĂ©-gouines sont appelé·e·s Ă  s’organiser lors d’une AG le samedi 18 fĂ©vrier Ă  14h30 au campus Pierre et Marie Curie (Jussieu).

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On se tient au jus pour nos prochaines actus ?
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