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Le VIH/Sida, une maladie politique

Le VIH/Sida, une maladie politique

Communiqué du collectif Inverti·e·s pour le 1er décembre 2022, journée internationale de lutte contre le VIH/Sida, une maladie politique : la maladie des inégalités, des oppressions et de l'impérialisme.

Par Les Inverti.e.s ·

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Cela fait plus de quarante-et-un ans que des inverti·e·s se battent contre le VIH/Sida et ses complices. 
Le 1er décembre est la journée internationale de lutte contre le VIH/Sida, une occasion de se remémorer tou·tes nos ami·es, amours et camarades mort·es et une occasion de se mobiliser une fois de plus, et de rappeler que cette maladie est une maladie politique.

La lutte contre le VIH/Sida va mal. Le covid est passé par là, les dirigeants du monde (des hommes cis hétéros) ne savent pas faire deux choses en même temps. Les campagnes de dépistage ont été stoppées, les systèmes hospitaliers sont à l'agonie, les labos de tests en surcharge, et les priorités ont été réévaluées. La directrice générale du Sidaction, Florence Thune (raboullez la thune) s'inquiétait en septembre d'une baisse de 6% des financements internationaux dans la lutte contre le virus depuis une dizaine d'années. Les nouvelles infections au VIH dans le monde augmentent dans un pays sur cinq alors qu’elles devraient poursuivre leurs déclins. Le taux de nouvelles infections dans le monde n’a reculé que de 3,6 % entre 2020 et 2021, ce qui correspond à la plus faible baisse annuelle depuis 2016. 
Le nombre de dépistages est en baisse, en France 5,2 millions de tests VIH ont été réalisés en 2020, soit une baisse de 14% par rapport à 2019.
4900 personnes ont découvert leur séropositivité VIH en 2020, soit une baisse de 22% par rapport à 2019, c'est autant de personnes qui ne connaissent pas leur statut sérologique. Dans le monde, 10 millions de personnes séropositives sont privées de traitement et 650 000 personnes sont mortes de maladies liées au sida pour la seule année 2021. Tout ceci n'est pas le fruit du hasard, du sort, ou d'une punition divine.
Le VIH/Sida est une maladie politique.

La maladie des inégalités

La pauvreté, la faiblesse des systèmes de santé, les inégalités de genre, la stigmatisation et les violations des droits humains comptent parmi les principales causes des problèmes d’accès aux outils de prévention, de dépistage et de soin. 
On le sait, si on peut mettre sur pause toute la société capitaliste pour le covid, trouver des vaccins en quelques mois, il n'en est pas de même pour une maladie qui touche des "hors-normes" (la norme étant les hommes cis hétéros blancs occidentaux et qui ne baisent pas, dans leur système). On dit aussi populations clefs : les hommes gays et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, les travailleur·euse·s du sexe et leurs clients, les consommateur·rice·s de drogues injectables, les femmes transgenres. Il y a également les personnes incarcéré·e·s et des populations de l'Afrique subsaharienne. Aux USA et en Grande-Bretagne, les nouveaux cas de VIH ont baissé plus rapidement parmi les populations blanches que parmi les populations racisées. Bref, le sous-prolétariat à leurs yeux.

Sida mondialisé

Dans le cadre actuel, et puisque nous ne pouvons nous permettre d'attendre une révolution socialiste mondiale, le soutien financier aux pays du Sud global est essentiel et nous demandons à ce que la France augmente de 30% ses dotations au fonds mondial de lutte contre le sida comme le demande les associations. Et si "il n'y a pas d'argent", prenons le là où il est. C'est-à-dire dans les caisses des multinationales de l'industrie pharmaceutique. Il faut une bataille pour sortir la question du profit pour les traitements, l'ouverture des brevets, pas seulement pour lutter contre ce virus mais en partie, tout de même.

L'extrême droite et les églises, la sainte alliance contre nos vies.

Comme nous l'expliquions dans notre article Le Pen : fille à pédés ou copines des homophobes ?, l’extrême droite a toujours été une épine dans le pied de la lutte contre le VIH/Sida. En plus de stigmatiser les séropositif·ves, en plus des déclarations racistes et homophobes, le Front National est la seule formation à avoir utilisé les termes « sida » et « VIH » au cœur de son langage politique comme des éléments de disqualification. À l'échelle internationale, les réactionnaires, les religieux, les fascistes ont toujours été directement complice du Sida. Des papes qui s'attaquent à la capote ou de Poutine qui s'attaque à l'éducation sexuelle à l'école au nom de valeurs traditionalistes jusqu'aux ayatollahs pour qui il ne s'agit que de conséquences des "modes de vie occidentaux", les réacs sont aussi et toujours les ennemies des malades.

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Combien ça coute la vie des Séropos ?

Alors qu'Elon Musk nage dans des piscines de moula et rachète Twitter pour la coquette somme de 44 milliards de dollars, comme on achèterai un flacon de Popper's, alors que Bernard Arnault possède 179,8 milliards de dollars dans ses coffres et que les richesses du monde n'ont jamais été si concentrées dans les mains de quelques-uns, l'ONU (ONUSIDA plus précisément) estime que pour éradiquer le VIH/Sida il faudrait 29 milliards de dollars (en dollars américains constants de 2019) d'ici à 2025, pour être en mesure de mettre fin au sida en tant que menace pour la santé publique mondiale. Les ressources allouées au fonds mondial sont en baisse, et pour l'heure il manque 8 milliards de dollars pour envisager pouvoir faire du VIH/Sida un mauvais souvenir en 2030. Bref, c'est possible si on reprends l'argent que nous ont volé les capitalistes.

Capotes, PrEP, Traitements

Le préservatif doit être accessible à toutes et tous, partout dans le monde et en toute circonstance. 
Aujourd'hui, des traitements permettent aux séropositif·ves de vivre en bonne santé, avec espérance de vie restauré, sans crainte de développer le sida (voir la différence entre VIH et Sida). Les traitements permettent de faire baisser la charge virale, c'est-à-dire baisser la quantité de virus dans l’organisme, et ce, en si faible quantité qu’on dit qu'il devient "indétectable" c'est-à-dire que, traité à temps, dans de bonnes conditions, une personne séropositive indétectable ne transmet plus le virus. Cela permet de casser la chaîne de transmission, tant au point de vue individuel, qu'au point de vue collectif. Il y a une nécessité de soutiens psychologiques aux personnes séropos qui en ont besoin. 
Il existe également d'autres outils pour ne pas contracter le virus dans un premier temps : La PrEP. C'est un nouvel outil dans l'éventail de ce qui nous aide à faire face. Cela doit être accessible à tou·te·s, tout en se rappelant que cela ne nous protège que du VIH quand la capote nous protège de la majorité des IST. L'un ne va pas sans l'autre.

Les femmes ne sont pas épargnées.

On le sait moins, le VIH/Sida est la première cause de mortalité des femmes de 15 à 44 ans dans le monde, et particulièrement des adolescentes en Afrique subsaharienne. À l'échelle internationale, 54 % de l'ensemble des personnes vivant avec le VIH sont des femmes et des filles. La question n'est pas de faire de l'intersectionnalité pour le plaisir de faire de l'intersectionnalité. Et on ne parle pas de femmes blanches hétéros monogames des pays du nord, mais particulièrement de sud-africaines, de nigérianes et d'indiennes dont l'incapacité systémique de prendre des décisions pour leur santé, de choisir l'âge de leur mariage ou d'imposer un moyen de protection les vulnérabilisent. Sans compter les viols correctifs, viols de guerre ou viols tout court. Les pouvoirs les plus phallocrates nuisent aussi dans les luttes sanitaires.

Lutter = Survivre !

C'est pourquoi les inverti·e·s se battent pour de réels moyens pour la santé, pour les hôpitaux, et pour l'aide financière internationale. 
Nous réclamons l'application des lois sur l'éducation à la sexualité à l'école, la prévention tout au long de la vie et la disponibilité totale des traitements pour toutes et tous, ici et ailleurs.
Nous nous attaquons aux profits faits sur "la Bedaquiline" nouveau traitement très efficace, oral, avec beaucoup moins d’effets secondaires que les précédents et qui est le terrain de batailles de labos pharmaceutiques, alors que c'est un traitement peu onéreux à produire.
Nous nous battons aux côtés des travailleur·euse·s du sexe et de leurs organisations, car plus de droits = plus de sécurité face aux infections. 
Enfin, nous sommes convaincu·e·s que les luttes contre toutes les oppressions, notamment l'homophobie, la transphobie, le sexisme et le racisme, sont des axes de luttes contre le VIH/Sida. 
Nous nous battons contre les prisons, les centres d'enfermement et de rétention, ces lieux de contaminations, et contre le système carcéral en général.
Et nous militons pour la légalisation et l'encadrement des drogues, pour l'instauration de salles de consommation à moindre risque dans les endroits où c'est nécessaire. Et, on ne le répétera jamais assez, pour un logement pour toutes et tous, contre les frontières, pour la libre circulation et… contre le capitalisme, ce système qui laisse s'engraisser les uns pendant que les autres crèvent du VIH/Sida.

Nous appelons à participer aux manifestations annuelles ce premier décembre et tout particulièrement à l'appel de nos camarades d'Act Up Paris à 18:00 Place de la République !
À lire aussi : "Sur la table de chevet des Inverti·e·s" spéciale VIH/SIDA

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